Informations sur le livre

1ere édition :

ISBN-10: 284494597X

ISBN-13: 978-2844945976

307 pages

24.90 €


2eme édition :

ISBN-10: 2812913894

ISBN-13: 978-2812913891

320 pages

18 €

Un extrait du livre

J'ai choisi l'affaire intitulée "Dernières pensées d’un condamné à mort" qui se déroule en 1861.

J'adopte le point de vue du condamné qui va à l'échaffaud et se remémore sa vie. 

 

Ferdinand Ballagny sait qu’il va être exécuté ce matin. Son crime est odieux et rien ne l’excuse. Il cherche à se disculper en se persuadant que c’est sa condition, sa pauvreté qui l’ont conduit à s’attaquer lâchement à un vieillard qui lui faisait confiance pour le dépouiller de son argent, de ses hardes et de deux-trois objets sans valeur. Il sait cependant qu’il mérite son châtiment. Entre le moment des faits et le jour de son exécution, tout a été très vite et s’il admet sa condamnation à l’échafaud, il a du mal à réaliser que dans la matinée, il sera mort. Entre le moment de son crime, le 11 janvier 1861, son jugement, le 13 mai et aujourd’hui, le lundi 24 juin, il ne s’est écoulé que quelques mois, suffisants pour qu’il prenne conscience de l’énormité de son acte mais aussi pour se trouver des excuses.

 

Cela fait maintenant une dizaine de minutes que l’abbé Follet, et le gardien-chef Huline l’ont réveillé. Il était quatre heures du matin quand ils sont venus dans sa cellule. Il a su tout de suite avant même qu’ils ne parlent. Ils lui ont annoncé que sa demande de grâce et son pourvoi en cassation avaient été rejetés.

 

Il sourit : « puisqu’il faut y aller j’aime mieux que ce soit aujourd’hui que plus tard ». Il se lève et reste volontairement jovial. Il se sent soulagé. Au moins, maintenant, il est fixé sur son sort, l’attente était difficile, là ce n’est plus qu’une affaire de une ou deux heures maximum. Les dés sont jetés.

Il discute comme si tout allait bien avec ses visiteurs. Il enlève sa tenue de prisonnier et met ses affaires personnelles. Une médaille de la vierge est attachée sur son cou avec un ruban. Il la tend à l’un des employés :

-          Je ne peux pas la laisser autour de mon cou, elle serait perdue tout à l’heure.

-          Je vous l’attache autour du poignet comme cela vous l’aurez toujours avec vous.

 

Il reste alors seul avec son confesseur pendant un quart d’heure. Il écoute paisiblement des prières. Il réclame ensuite du papier et de l’encre pour écrire à sa femme. Il lui demande pardon pour tout le mal qu’il lui a fait et l’informe qu’il sera mort à six heures du matin en expiant son crime et que son repentir est sincère. Sa préparation se poursuit et il boit un verre d’eau-de-vie en mangeant un biscuit.

Ensuite, il sort de la prison Saint-Pierre enfermé dans un fourgon recouvert d’une bâche tiré par deux chevaux. A côté de lui, se trouvent l’aumônier et l’exécuteur. La voiture avance lentement dans la rue Saint-Pierre, traverse l’avenue de Paris, continue le long de la rue des chantiers pour arriver à la barrière du Petit-Montreuil. Un peloton d’escorte de gendarmerie à cheval l’escorte.

 

Tout en écoutant son confesseur l’exhorter au repentir, Ballagny regarde médusé dehors. Il voit des gens qui, guettant son exécution, commencent à se masser autour de son trajet, mais ce n’est pas le plus surprenant. La veille, il s’est tenu une fête importante à Versailles : le concours départemental des orphéons[1]. Le cortège funèbre avance donc dans une rue « bordée de chaque côté et d’un bout à l’autre de guirlandes de fleurs et de feuilles soutenues par des colonnes garnies d’écussons armoriés et surmontées par des faisceaux de drapeaux aux couleurs nationales… »[2].  Le contraste est extrême, indécent même, entre la vision du condamné que l’on mène à l’échafaud et les magnifiques décorations des rues alentours. Ballagny sent le décalage. Cela lui renvoie d’autant plus à la figure ce à quoi il renonce.

 

Il regrette tellement, il n’arrête pas de se remémorer les événements…

 


[1] Fanfares

[2] Compte-rendu de la Gazette des tribunaux

 

Trois iconographies inédites

L'écriture du livre

Je me mets à travailler sur ce projet fin 2005. Ce livre, complètement différent des précédents, fait partie d’une collection intitulée « Les Grandes Affaires Criminelles » dont chaque ouvrage raconte les meurtres d’un département ou d’une région en particulier. Pour moi, il s’agit évidemment des Yvelines. En une trentaine de nouvelles, il faut restituer des affaires criminelles qui se sont réellement passées entre 1850 et 1980. Il faut faire des recherches, retrouver des articles de l’époque, dégoter des affaires importantes sans rester dans les affaires ultra-connues comme Zola, Seznec ou Landru …

 

Essayer de trouver des histoires sur tout le territoire des Yvelines n’est pas chose facile. En effet, les Yvelines faisaient auparavant partie du département de la Seine-Et-Oise et toutes les affaires de ce grand département étaient jugées à Versailles. Il faut donc isoler celles qui concernent les Yvelines.

Après il y a l’écriture où il faut changer la manière d’amener l’histoire pour ne pas lasser le lecteur, avec du suspense tout en restant historiquement juste… Un coup, on est un journaliste ou un bourreau ; une autre fois, un meurtrier ou un juge d’instruction… Les histoires commencent au moment de la découverte du corps ou du procès, ou encore, quand la guillotine coupe la tête du condamné…

 

J’ai accepté d’écrire ce livre par curiosité. Si j’avais déjà écrit des nouvelles, je n’avais jamais fait dans la nouvelle historique pleine de suspense. J’avoue que l’expérience est très enrichissante et que les conseils d’Anthony Frot, mon éditeur, et de Jacques Rouzet, mon directeur de collection, m’apportent beaucoup. Ils m’aident à améliorer mon style, me donnent leur avis sur mes écrits. Finalement ce sont 27 histoires qui sont sélectionnées par ma plume…

 

Les crimes que je découvre sont pour certains horribles. L’histoire du cannibale de Versailles m’a particulièrement marquée, mais j’avoue que d’autres sont tout aussi impressionnantes : les maris empoisonnent leur femme à l’arsenic, on poignarde des vieux pour 10 francs, on fait brûler des femmes, on trucide par jalousie… On voit la nature humaine dans toute sa cruauté et son inconscience.

 

Je me fais toujours relire mais c’est maintenant Gérald qui, seul, s’attèle à cette lourde tâche. Je suis exigeante car j’ai des délais à tenir puisqu’il s’agit, contrairement à mes précédents livres, d’un livre de commande. Il faut qu’il réagisse vite, gère la susceptibilité légendaire de l’auteure qui peut se bloquer à la moindre contrariété. Il est là, présent, souriant et extrêmement conciliant. Il accepte d’adapter nos vacances pour me laisser du temps pour écrire, me laisse dans mes recherches sur internet le soir, gère mon stress quand je vois les échéances, que j’ai promis de tenir à Anthony, arriver à grands pas et porte quand nous partons en week-end des tonnes de documentation. C’est un amour…

 

Cette expérience très intéressante m’a permis de rencontrer un auteur de la collection, Sylvain Larue, avec qui j’ai sympathisé, et qui m’a grandement aidé dans mes recherches lorsqu’à la suite d’un accident de ski fin mars 2006, j’ai été immobilisé et il m’a été difficile de continuer mes recherches.

 

J’ai également eu le soutien et l’appui d’Anthony Frot, mon éditeur, qui a été présent et qui est devenu petit à petit un véritable ami. Une autre personne qui a été super avec moi est Edouard Ballureau, il a organisé mes signatures et m’a chouchoutée. J’étais enceinte au moment de la promotion du livre et il a pris soin de moi.

 

J’ai beaucoup aimé écrire ce livre, même si certaines histoires ont été plus ou moins compliquées à amener. Ecrire 27 nouvelles en essayant de travailler son style, d’avoir des points de vue différents, de ne pas ennuyer le lecteur, de trouver des affaires passionnantes, de faire des recherches, est une expérience très enrichissante à tout niveau.

 

La sortie de ce livre m’a permis de rencontrer beaucoup plus de lecteurs et de journalistes que lors des promotions de mes précédents livres. Ces échanges ont été très riches pour moi. J’ai eu également de très gentilles lettres.

 

La revue de Presse